FISC 2018 SP 02
Certains composants usinés industriels en acier
Déclaration des faits essentiels

Ottawa, le 26 novembre 2018

Procédure sur la portée – Certains composants usinés industriels en acier

Modules de paire de puits, modules de raccordement et modules de mesure – Shanghai Shuangyan Chemical Equipment Manufacturing Co., Ltd.

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Contexte

[1] Le 12 septembre 2016, par suite d’une plainte déposée par Supermetal Structures Inc., Supreme Group LP et Waiward Steel LP, l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a ouvert des enquêtes sur le dumping de certains composants usinés industriels en acier (CUIA) originaires ou exportés de la République populaire de Chine (Chine), de la République de Corée (Corée du Sud), du Royaume d’Espagne (Espagne), des Émirats arabes unis et du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord (Royaume-Uni) et sur le subventionnement de certains CUIA originaires ou exportés de la Chine. Le 25 avril 2017, l’ASFC a rendu des décisions définitives concernant le dumping de certains CUIA en provenance de la Chine, de la Corée du Sud et de l’Espagne et le subventionnement de certains CUIA en provenance de la Chine.

[2] Le 25 mai 2017, dans l’enquête no NQ-2016-004, le Tribunal canadien du commerce extérieur (TCCE) a jugé que le dumping de CUIA originaires ou exportés de la Chine, de la Corée du Sud (à l’exception de ceux exportés par Hanmaek Heavy Industries Co., Ltd.) et de l’Espagne (à l’exception de ceux exportés par Cintasa, S.A.) et le subventionnement de CUIA en provenance de la Chine ont causé un dommage à la branche de production nationale.

[3] Le 7 août 2018, l’ASFC a reçu, de Shanghai Shuangyan Chemical Equipment Manufacturing Co., Ltd. (SSCEM), une demande de décision sur la portée quant à l’assujettissement de ses modules de paire de puits, modules de raccordement et modules de mesure aux conclusions de dommage rendues par le TCCE le 25 mai 2017 dans l’enquête no NQ-2016-004.

[4] La demande de décision sur la portée était complète, et rien dans la Loi sur les mesures spéciales d’importation (LMSI) ne justifiait son rejet. Le demandeur a présenté des arguments et des éléments de preuve à l’appui de sa position selon laquelle ses modules de paire de puits, modules de raccordement et modules de mesure ne sont pas assujettis aux conclusions du TCCE.

[5] Le 6 septembre 2018, en vertu du paragraphe 63(8) de la LMSI, l’ASFC a ouvert une procédure sur la portée à l’égard des marchandises faisant l’objet de la demande.

[6] Le 17 septembre 2018, l’avocat représentant l’Institut canadien de la construction en acier (ICCA) a présenté un exposé demandant à l’ASFC de mettre fin à la procédure sur la portée en vertu du paragraphe 66(3) de la LMSI et de l’alinéa 54.3b) du Règlement sur les mesures spéciales d’importation (RMSI) puisque la question à l’étude fait actuellement l’objet d’une demande de contrôle judiciaire devant la Cour d’appel fédérale (CAF).

[7] En réponse, le 4 octobre 2018, l’avocat représentant le demandeur, SSCEM, a présenté un exposé s’opposant à la demande de l’ICCA et appuyant la position de Woodfibre LNG Limited dans FISC 2018 SP selon laquelle la question à l’étude dans la procédure sur la portée est l’assujettissement des marchandises en question, tandis que celle devant la CAF concerne l’obligation ou non du TCCE de clarifier la portée de la définition des produitsNote de bas de page 1.

[8] L’ASFC a étudié les exposés des deux parties et a décidé de ne pas mettre fin à la procédure sur la portée. L’ASFC est d’avis que la question devant la CAF diffère de celle dans la demande précise de décision sur la portée faite par SSCEM. Par ailleurs, en vertu du paragraphe 67(1) de la LMSI, l’ASFC doit examiner une décision sur la portée pour donner effet à une décision du TCCE, de la CAF ou de la Cour suprême du Canada.

[9] Le dossier administratif de la procédure sur la portée a été clos le 31 octobre 2018.

[10] D’après l’évaluation préliminaire de l’ASFC, qui se fonde sur l’information au dossier et tient compte des facteurs prévus à l’article 54.6 du RMSI ainsi que de tout autre facteur pertinent, les marchandises faisant l’objet de la demande, soit les CUIA entrant dans les modules de paire de puits, les modules de raccordement et les modules de mesure de SSCEM, sont assujetties aux conclusions du TCCE rendues le 25 mai 2017 dans l’enquête no NQ-2016-004.

Description des marchandises faisant l’objet de la demandeNote de bas de page 2

[11] Les marchandises en question dans la présente procédure sur la portée sont des modules de paire de puits, des modules de raccordement et des modules de mesure devant être utilisés dans un projet de sables bitumineux.

[12] Des installations de production de sables bitumineux utilisent une technologie de drainage par gravité au moyen de vapeur (DGMV) qui permet de récupérer le bitume dans les réservoirs de sables bitumineux. La vapeur injectée dans le réservoir réchauffe le bitume pour qu’il coule plus facilement afin qu’il puisse être pompé jusqu’à la surface. Les installations de traitement sur place qui injectent la vapeur et récupèrent le bitume sont appelées des modules de plateforme d’exploitation à DGMV.

[13] Un ensemble de modules de plateforme d’exploitation à DGMV se compose de plusieurs modules de paire de puits, d’un module de raccordement et d’un module de mesureNote de bas de page 3.

[14] Un module de plateforme d’exploitation à DGMV se compose de pièces d’équipement mécaniques, électriques et hydrauliques interreliées qui sont conçues et fabriquées sous forme modulaire. Une fois raccordée sur place, une plateforme d’exploitation terminée fonctionne en tant qu’unité distincte d’injection/de récupération pour un ou plusieurs puits souterrains.

[15] Les modules de paire de puits servent à transférer l’injection de vapeur, des installations de traitement centrales aux puits à vapeur, et à ramener le bitume jusqu’aux installations de traitement centrales. Ils se composent de tuyaux, de soupapes, de contrôles, d’équipement de surveillance et d’autre équipement électrique, de structures de soutien, de passerelles et d’autres composants.

[16] Les modules de raccordement sont de conception identique aux modules de paire de puits, mais se situent à la fin d’un assemblage de plateforme d’exploitation. Ils se distinguent par la présence de tuyaux de drainage et de soupapes d’évent.

[17] Les modules de mesure exercent les fonctions de mesure des taux de production du bitume et de la vapeur et d’échantillonnage et de mise à l’essai des ratios eau-pétrole pour l’établissement de rapports internes et réglementaires. Ils se composent d’instruments et de composants électroniques et mécaniques.

[18] Dans le reste de la Déclaration des faits essentiels, les modules de paire de puits, les modules de raccordement et les modules de mesure seront désignés « modules de DGMV ».

[19] Les matériaux et les composants pour les modules de DGMV sont fabriqués aux installations de SSCEM à Shanghai (Chine) ou y sont transportés. Ils font ensuite l’objet de travaux additionnels d’ingénierie, de fabrication et d’assemblage en modules de DGMV afin de satisfaire aux spécifications détaillées fournies par le client. Certains matériaux et composants, y compris des CUIA et éléments autres que des CUIA, sont fournis gratuitement à SSCEMNote de bas de page 4.

[20] Le client peut envoyer ses propres ingénieurs aux installations de SSCEM pour inspecter et appuyer la fabrication des modules.

[21] La production de modules de DGMV fait appel à un large éventail de métiers et de professions, y compris soudeurs, électriciens, tuyauteurs et spécialistes de diverses disciplines.

[22] Les CUIA entrant les modules de DGMV constituent l’« ossature » à laquelle les composants mécaniques et électroniques interreliés sont intégrés et fixés. Ils sont conçus et fabriqués sur mesure pour faire partie des modules de DGMV.

[23] Chacun des modules de DGMV est entièrement construit, fini et peint (selon les spécifications) et sa fonctionnalité est testée dans les installations de SSCEM avant l’expédition.

[24] Les modules de DGMV sont expédiés en tant qu’unités complètes prêtes à l’emploi, à l’exception de certaines pièces mineures en saillie, comme les garde-corps et les escaliers, les distributeurs à tiroir, les soupapes, les instruments et les unités de réchauffage électrique des conduites, qui dépassent l’enveloppe d’expédition et qui sont détachées en vue de l’expédition et réinstallées sur le chantier du projet.

[25] Les modules de DGMV sont spécialement conçus pour ne pas dépasser les restrictions en matière de taille et de poids maximaux en vue du transport routier, des ports en Colombie-Britannique jusqu’au chantier du projet en Alberta.

[26] Les modules de DGMV constituent une technologie communément utilisée dans l’extraction de bitume des sables bitumineux et sont conçus pour être facilement montés et élargis au moyen de modules supplémentaires qui sont essentiellement identiques d’un type à l’autre. Ainsi, ils sont essentiellement prêts à l’emploi et peuvent être installés dans les installations existantes en relativement peu de temps, sans modification, et par un assemblage additionnel minime.

[27] La conception et la fabrication complète des modules de DGMV dans des installations hors site assurent la normalisation et l’uniformité de la fonction des types de modules précis.

Description des marchandises en cause

[28] Aux fins de la présente procédure sur la portée, les marchandises faisant l’objet des conclusions du TCCE (les « marchandises en cause ») se définissent comme suit :

Certains éléments de la charpente de bâtiments, matériels d’exploitation, enceintes de confinement, structures d’accès, structures de traitement, et structures pour le transport et la manutention des matériaux, en acier ouvré de construction ou en grosse tôlerie, y compris les poutres d’acier, les colonnes, les pièces de contreventement, les charpentes, les garde-corps, les escaliers, les poutres continues, les galeries et les structures de châssis de transporteurs à courroie, les portiques, les silos, les goulottes, les trémies, les réseaux de gaines, les réservoirs de traitement, les râteliers à tubes et les distributeurs à lattes mécaniques, soit assemblés ou partiellement assemblés en modules, ou non assemblés, devant servir dans :

  1. l’extraction, le transport et le traitement du pétrole et du gaz;
  2. l’industrie minière (extraction, transport, stockage et traitement);
  3. les centrales électriques industrielles;
  4. les usines pétrochimiques;
  5. les cimenteries;
  6. les usines d’engrais;
  7. et les fonderies de métaux industriels.

Sont toutefois exclus des marchandises en cause : les pylônes électriques, les produits d’acier laminé non travaillés, les poutres d’acier non travaillées, les chevalets de pompage; les structures pour la production d’énergie solaire, éolienne et marémotrice, les centrales électriques dont la capacité nominale est inférieure à 100 MW, les marchandises classées comme « constructions préfabriquées » sous le code SH 9406.00.90.30, l’acier de construction utilisé dans des unités industrielles, mais autrement que des façons décrites ci-dessus; et les produits assujettis aux ordonnances ou aux conclusions dans Certaines pièces d’attache (RR-2014-001), Certains tubes structuraux (RR-2013-001), Certaines tôles d’acier laminées à chaud (III) (RR-2012-001), Certaines tôles d’acier au carbone (VII) (NQ-2013-005), et Certains caillebotis en acier (NQ-2010-002); originaires ou exportés de la République populaire de Chine, de la République de Corée (à l’exception de ceux exportés par Hanmaek Heavy Industries Co., Ltd.), et du Royaume d’Espagne (à l’exception de ceux exportés par Cintasa, S.A.).

[29] Pour de plus amples renseignements sur les marchandises en cause, veuillez consulter les Conclusions et motifs du TCCE dans l’enquête no NQ-2016-004 et l’Énoncé des motifs des décisions définitives de l’ASFC à l’égard de certains CUIA.

Décisions sur la portée pertinentes

FISC 2018 SP – Modules pour gaz naturel liquéfié, y compris modules de râteliers à tubes, de Woodfibre

[30] Le 26 juin 2018, l’ASFC a reçu, de Woodfibre LNG Limited, une demande de décision sur la portée quant à l’assujettissement de ses modules pour gaz naturel liquéfié (GNL), y compris modules de râteliers à tubes, aux conclusions du TCCE. Le demandeur a soutenu que la définition des produits dans les conclusions du TCCE ne comprend pas les modules complexes. Il a fait valoir que les modules pour GNL complexes, y compris les modules de râteliers à tubes, sont des produits finis manufacturés et que les CUIA perdent leurs caractéristiques lorsqu’ils sont transformés et combinés à des quantités importantes d’éléments autres que des CUIA.

[31] Le 23 novembre 2018, l’ASFC a rendu une décision sur la portée selon laquelle les CUIA entrant dans les modules pour GNL, y compris les modules de râteliers à tubes, de Woodfibre sont assujettis aux conclusions du TCCE. L’ASFC considère les modules, simples et complexes, comme une construction intermédiaire d’installations de traitement. La modularisation de CUIA avec des éléments autres que des CUIA, qu’elle ait lieu au Canada ou dans d’autres pays, ne change pas les caractéristiques des CUIA. Les CUIA dans des modules simples et complexes offrent le cadre d’acier structural et le support auxquels les éléments autres que des CUIA sont raccordés. L’affirmation que les modules constituent des produits finis autonomes, distincts des pièces qui les composent, ne cadre pas avec la réalité des différents codes et normes qui s’appliquent aux différentes parties d’un module et la façon dont les modules sont garantis.

Parties intéressées

Demandeur

[19] Le nom et l’adresse du demandeur sont les suivants :

Shanghai Shuangyan Chemical Equipment Manufacturing Co., Ltd.
No. 3111, West Huancheng Road,
Fengpu Industrial Park,
Shanghai (Chine)

[33] SSCEM est un fabricant et exportateur des marchandises faisant l’objet de la demande de décision sur la portée et d’autres modules complexesNote de bas de page 5.

[34] L’ASFC a envoyé une demande de renseignements (DDR) pour exportateurs à SSCEM au début de la procédure sur la portée. En réponse, SSCEM a renvoyé l’ASFC aux renseignements fournis dans sa demande de décision sur la portée. Une copie de la version non confidentielle de la demande de décision sur la portée présentée par SSCEM se trouve dans la Liste de pièces justificatives de l’ASFC à l’adresse : http://www.cbsa-asfc.gc.ca/sima-lmsi/sp-pp/fisc2018/fisc201802-ex-fra.html.

Branche de production nationale

[35] Au début de la procédure sur la portée, l’ASFC a recensé 16 producteurs canadiens de marchandises similaires d’après l’information recueillie dans FISC 2018 SP.

[36] L’ASFC a envoyé une DDR à tous les producteurs de marchandises similaires. L’ASFC a reçu des exposés de quatre producteurs canadiens de CUIA, soit Supermetal Structures Inc., Supreme Group LP, Waiward Steel LP et Ocean Steel & Construction Ltd.

[37] L’ICCA a présenté une lettre énonçant sa position quant à l’assujettissement des marchandises en question aux conclusions du TCCE, ainsi que des renseignements et divers éléments de preuve documentaires à l’appui. L’ICCA est une association de l’industrie composée d’un large éventail d’intervenants dans l’industrie canadienne de la construction en acier. Ses membres comprennent des producteurs canadiens de CUIANote de bas de page 6.

Importateurs

[38] Au début de la procédure sur la portée, l’ASFC a recensé 56 importateurs connus et éventuels des marchandises en cause d’après l’information recueillie dans FISC 2018 SP.

[39] L’ASFC a envoyé une DDR à tous les importateurs connus et éventuels des marchandises en cause. Elle a reçu des exposés de trois importateurs de CUIA, soit Fluor Canada Ltd., Shell Canada Limited et Suncor Energy Inc.

Exportateurs et/ou producteurs étrangers

[40] Au début de la procédure sur la portée, l’ASFC a recensé 134 exportateurs et/ou producteurs connus et éventuels des marchandises en cause d’après l’information recueillie dans FISC 2018 SP.

[41] L’ASFC a envoyé une DDR à tous les exportateurs et/ou producteurs connus et éventuels. Elle n’a reçu aucun renseignement de la part d’exportateurs ou de producteurs, mis à part SSCEM.

Demandes de prorogation

[42] Plusieurs parties ont demandé une prorogation pour répondre à leur DDR respective. L’ASFC a examiné chaque demande; cependant, elle n’a acquiescé à aucune d’entre elles puisque les motifs évoqués ne constituaient pas des circonstances imprévues ou des fardeaux inhabituels. L’ASFC a informé les parties que les exposés reçus après la date d’échéance pour répondre à la DDR ne seraient pris en compte que si le temps et les ressources le permettaient. L’ASFC a pris en compte tous les exposés reçus avant la date de clôture du dossier aux fins de l’évaluation préliminaire.

[43] Les arguments et les renseignements présentés par le demandeur et les autres parties sont détaillés ci-dessous.

Positions des parties

Parties soutenant que les marchandises en question ne sont pas assujetties aux conclusions du TCCE

Demandeur - SSCEM

[44] SSCEM mentionne que la modularisation est une technique de fabrication qui réduit le coût, le délai et le risque pour la construction d’installations dans des endroits éloignés ou coûteux, en produisant des structures ou de l’équipement de grande taille dans des centres de production moins coûteux afin de les expédier au chantier du projetNote de bas de page 7.

[45] SSCEM mentionne qu’il n’existe pas de norme ou de définition de l’industrie pour le terme « module »; cependant, il définit un module comme un composant industriel préfabriqué qui peut exercer une fonction autonome ou agir en tant que pièce d’une structure et/ou d’installations de plus grande tailleNote de bas de page 8.

[46] SSCEM soutient que ses modules de DGMV ressemblent peu aux simples structures de soutien évoquées dans la définition des produits. Il soutient que les modules de DGMV sont des pièces d’équipement fonctionnelles complexes très spécialisées qui s’apparentent davantage à des machines, ensembles d’équipement, bâtiments ou processus industriels distinctsNote de bas de page 9.

[47] SSCEM reconnaît que la définition des produits comprend les CUIA « assemblés ou partiellement assemblés en modules » et que les CUIA simplement assemblés à d’autres pour créer un « module de CUIA » correspondent à la définition des marchandises en causeNote de bas de page 10.

[48] SSCEM soutient que ses modules de DGMV représentent des quantités importantes d’éléments autres que des CUIA intégrés à des CUIA pour créer des biens industriels autonomes complexesNote de bas de page 11.

[49] SSCEM soutient que ses modules de DGMV ne sont pas seulement « assemblés », mais qu’ils sont aussi spécialisés, manufacturés et testés en usine pour exécuter des tâches industrielles précisesNote de bas de page 12.

[50] SSCEM soutient que les CUIA ne définissent ou ne dominent nullement les marchandises, qu’ils sont seulement des intrants d’un ensemble, et qu’ils sont considérablement transformés pour créer le produit finalNote de bas de page 13.

[51] SSCEM a fourni une copie des demandes d’exclusion présentées au TCCE dans l’enquête no NQ-2016-004 par Suncor Energy Inc. et Fluor Canada Ltd. concernant un large éventail de modules complexes qui contiennent des CUIA en tant qu’intrants de matières premières, ainsi que du consentement de la branche de production nationale à ces demandes dans le dossier public du TCCE. SSCEM soutient que le consentement de la branche de production nationale aux demandes d’exclusion constitue « un élément de preuve convaincant que les plaignantes acceptent l’interprétation de la portée des marchandises en cause telle qu’énoncée dans la demande »Note de bas de page 14.

[52] SSCEM soutient que les fonctions distinctes des modules de paire de puits, de raccordement et de mesure viennent appuyer leur statut en tant que machinerie industrielle, et qu’il ne s’agit pas de simples composants structuraux ou pièces facilement dégroupéesNote de bas de page 15.

[53] SSCEM soutient que ses modules de DGMV sont des produits fondamentalement différents des CUIA, même s’ils comprennent des CUIA en tant que composants ou matières premières. Les modules de DGMV sont des produits manufacturés finis qui s’apparentent à des machines industrielles, à des électroménagers ou à des véhicules à moteur. L’isolement de marchandises intégrées de façon permanente à des produits importés finis en vue de l’imposition de droits est sans précédent dans l’application de la LMSINote de bas de page 16.

[54] SSCEM renvoie l’ASFC à sa décision dans l’appel en matière de subjectivité no SG-1, du 21 juillet 2017, dans laquelle elle a jugé que les caillebotis en acier en question demeurent des marchandises en cause parce que non « intégrés » à des structures, à l’importationNote de bas de page 17. SSCEM fait valoir que les CUIA intégrés aux modules de DGMV, à l’importation, sont transformés de façon permanente et « ont perdu leur identité » en tant que CUIANote de bas de page 18.

[55] SSCEM soutient qu’il est illogique de rendre compte séparément des CUIA et des éléments autres que des CUIA dans des modules complexes. Les CUIA intégrés aux modules de DGMV pourraient ne pas avoir été produits dans un pays visé dans la définition des produits. Il se pourrait que d’autres modules comprennent des CUIA de producteurs canadiens qui ont initialement déposé la plainte en dumping et en subventionnement auprès de l’ASFC. SSCEM souligne que, dans l’enquête de dommage no NQ-2016-004, les producteurs canadiens ont indiqué qu’il était possible qu’ils fournissent des CUIA à des fabricants chinois de modules complexesNote de bas de page 19.

Fluor Canada Ltd.Note de bas de page 20

[56] Fluor Canada Ltd. (Fluor) est une entreprise de génie, d’approvisionnement et de construction qui importe des modules complexes au Canada.

[57] Fluor est d’avis que les modules de DGMV de SSCEM ne sont pas assujettis aux conclusions du TCCE.

[58] Fluor indique que la modularisation est la production d’installations de traitement sous forme d’unités transportables sur un chantier modulaire éloigné. Les modules finis sont transportés et raccordés à d’autres sur le chantier du projet. Par ailleurs, Fluor décrit un module comme une pièce unique fonctionnelle faisant partie d’installations de traitement qui a été testée et mise en service dans toute la mesure du possible sur le chantier modulaire.

[59] Fluor soutient que la modularisation est un procédé de production complexe et que les modules qui en découlent possèdent des qualités et caractéristiques différentes de celles des CUIA et des éléments autres que des CUIA qui sont entrés dans leur production. Un module est un bien commercial à part entière dont la performance a été mise à l’essai avant de quitter le chantier modulaire.

[60] Selon Fluor, des modules complexes sont fabriqués par l’ajout de CUIA et d’éléments autres que des CUIA. Même si l’assemblage de CUIA constitue un aspect du procédé de fabrication de modules, la modularisation consiste à installer des systèmes fonctionnels et à mettre en service et à tester des activités fonctionnelles.

[61] Fluor explique qu’un module est à une étape près du projet de traitement final, et qu’il en est beaucoup plus proche que les CUIA. Les modules peuvent exercer une variété de fonctions et incorporer des CUIA et des éléments autres que des CUIA, de nombreuses façons différentes. Les CUIA ne sont qu’un composant des modules et, le plus souvent, un très petit composant sur le plan de la valeur.

[62] Fluor soutient que la production d’un module est beaucoup plus complexe que celle de CUIA. Il faut des procédés de fabrication précis pour intégrer les éléments autres que des CUIA ainsi que des travailleurs compétents qualifiés dans leur discipline respective.

[63] Fluor soutient qu’en ce qui concerne les modules complexes, les CUIA et les éléments autres que des CUIA sont intégrés pour créer un produit unique. Un module complexe qui comprend des CUIA comme intrants est un produit très distinct des CUIA.

[64] Fluor a pour position que tous les intrants du module, y compris les CUIA, fonctionnent ensemble en tant que pièce unique d’installations de traitement. Dire que les CUIA d’un module demeurent distincts reviendrait à dire que le bois d’une maison demeure distinct de celle-ci après la construction. Les CUIA donnent au module son soutien structural et s’intègrent à l’ensemble du module.

Shell Canada LimitedNote de bas de page 21

[65] Shell Canada Limited (Shell) est un coentrepreneur dans LNG Canada Development Inc. (LNGC). LNGC a proposé de concevoir, de construire et d’exploiter une usine de gaz naturel liquéfié (GNL) et un terminal maritime d’exportation près de Kitimat (Colombie-Britannique).

[66] Shell est d’avis que les modules de DGMV de SSCEM ne sont pas assujettis aux conclusions du TCCE. Shell indique ne rien avoir à ajouter concernant la position de SSCEM.

[67] Shell indique que LNGC a présenté des renseignements et des observations au TCCE, à la Cour d’appel fédérale et au ministère des Finances concernant les conclusions du TCCE et son propre projet à Kitimat.

Suncor Energy Inc.Note de bas de page 22

[68] Suncor Energy Inc. et ses filiales (Suncor) exploitent Fort Hills Energy L.P. Suncor importe des modules complexes semblables pour ses opérations d’extraction de sables bitumineux et de raffinage.

[69] Suncor est d’avis que les modules de DGMV de SSCEM ne sont pas assujettis aux conclusions du TCCE.

[70] Suncor soutient que ces modules ne sont pas considérés comme des « biens structuraux », s’agissant plutôt que de composants autres que des CUIA entièrement intégrés très techniques qui sont le fondement du caractère essentiel des modules. Ces modules renferment des composants d’acier et structuraux sans compter de l’équipement spécialisé.

[71] Suncor soutient que, même si certains modules se limitent à un simple assemblage de CUIA, de nombreux types de modules constituent des produits fondamentalement différents. Il s’agit de produits manufacturés finis qui s’apparentent à des machines industrielles exerçant une fonction opérationnelle particulière.

Parties soutenant que les marchandises en question sont assujetties aux conclusions du TCCE

Supermetal Structures Inc.Note de bas de page 23

[72] Supermetal Structures Inc. (Supermetal) est un producteur/fabricant canadien de marchandises similaires. Supermetal, de Lévis (Québec), était l’une des plaignantes dans l’enquête sur les CUIA de 2016.

[73] Supermetal est d’avis que les modules de DGMV de SSCEM sont assujettis aux conclusions du TCCE.

[74] Supermetal est d’avis que les CUIA intégrés aux modules de DGMV de SSCEM correspondent à la définition des produits, laquelle n’établit pas de distinction entre modules « de CUIA seulement » et modules « complexes ». Par ailleurs, Supermetal souligne que les CUIA demeurent des CUIA, qu’ils soient « assemblés ou partiellement assemblés en modules, ou non assemblés », pour servir dans des structures, tel que décrit dans la définition des produits.

[75] Supermetal a pour position que les modules de DGMV de SSCEM, quoique complexes, constituent une construction intermédiaire d’installations de traitement et qu’ils ne sont pas considérés comme de « nouveaux » biens commerciaux, comme le prétend SSCEM. Un module ne peut pas être vendu séparément comme un produit ayant une fonction autonome et il n’a pas de valeur marchande s’il n’est pas fixé à d’autres composants d’installations de traitement.

[76] Supermetal soutient que les CUIA intégrés aux modules de DGMV de SSCEM demeurent des CUIA et ne perdent pas leur identité. Supermetal mentionne que, d’après la conception des modules de DGMV, il n’y a pas de transformation des CUIA en un produit manufacturé. Supermetal soutient que, d’après son expérience de projets passés semblables dans les secteurs minier, pétrolier et gazier, ces modules relèveraient de la catégorie d’assemblage découlant de la planification et coordination réfléchies de la construction d’installations de production en région éloignée.

Supreme Group LPNote de bas de page 24

[77] Supreme Group LP (Supreme) est un producteurs/fabricant canadien de marchandises similaires. Supreme, d’Acheson (Alberta), était l’une des plaignantes dans l’enquête sur les CUIA de 2016.

[78] Supreme est d’avis que les modules de DGMV de SSCEM sont assujettis aux conclusions du TCCE.

[79] Supreme soutient que la définition des produits comprend clairement les CUIA et les éléments autres que des CUIA, assemblés ou partiellement assemblés en modules. Il ajoute que la définition des produits n’établit pas de distinction entre modules « complexes » et autres modules.

[80] Supreme soutient que la technologie de DGMV est bien établie dans le secteur énergétique de l’Alberta et que les modules de DGMV de SSCEM ne diffèrent pas, notamment sur le plan du degré de complexité, de ceux produits par des fabricants d’acier et des installations d’assemblage modulaire pour diverses installations au Canada, par exemple Nexen Long Lake, Cenovus Cristina Lake et Suncor Energy Firebag.

[81] Supreme a pour position que les modules, y compris les modules de DGMV, ne sont pas des produits manufacturés. Il soutient que les modules constituent une construction intermédiaire d’installations sous forme d’unités transportables et qu’ils sont assemblés au moyen de divers outils et machinerie des métiers de la construction.

[82] Supreme soutient que les CUIA ne sont pas transformés en d’autres produits lorsqu’ils sont assemblés en modules, y compris des modules complexes. Supreme explique que les CUIA conservent leurs caractéristiques essentielles lorsqu’ils sont assemblés en modules et ne perdent pas ces caractéristiques lorsque des éléments autres que des CUIA y sont fixés.

[83] Supreme ne voit pas comment des CUIA « assemblés en modules » cessent d’être de tels CUIA lorsqu’une proportion donnée d’éléments autres que des CUIA est atteinte pour ce qui est de la valeur ou du poids. Supreme mentionne que SSCEM n’explique pas comment les CUIA cessent d’être des CUIA lorsqu’une quantité « importante » d’éléments autres que des CUIA y sont fixés.

Waiward Steel LPNote de bas de page 25

[84] Waiward Steel LP (Waiward) est un producteur/fabricant canadien de marchandises similaires. Waiward, d’Edmonton (Alberta), était l’une des plaignantes dans l’enquête sur les CUIA de 2016.

[85] Waiward est d’avis que les modules de DGMV de SSCEM sont assujettis aux conclusions du TCCE.

[86] Selon Waiward, la définition des produits s’applique clairement aux CUIA assemblés ou partiellement assemblés en modules et n’établit pas de distinction entre modules « complexes » et « moins complexes ». Waiward ne voit pas comment les CUIA « assemblés en modules » cessent d’être de tels CUIA lorsque des éléments autres que des CUIA y sont fixés.

[87] Waiward soutient que les modules, y compris les modules de DGMV de SSCEM, ne sont pas des produits manufacturés, s’agissant plutôt d’une construction intermédiaire d’installations sous forme d’unités transportables. Les modules sont assemblés au moyen de divers outils et machinerie des métiers de la construction.

[88] Enfin, Waiward soutient que les CUIA ne sont pas transformés en d’autres produits lorsqu’ils sont assemblés en modules, y compris des modules complexes. Les CUIA conservent leurs caractéristiques essentielles lorsqu’ils sont assemblés en modules; ils forment l’ossature d’une structure. Les CUIA constituent la charpente de soutien à laquelle est intégré l’équipement de traitement.

Ocean Steel & Construction Ltd.Note de bas de page 26

[89] Ocean Steel & Construction Ltd. (Ocean) est un producteur/fabricant canadien de marchandises similaires. Ocean, de Saint John (Nouveau-Brunswick), a appuyé la plainte sur les CUIA de 2016.

[90] Ocean est d’avis que les modules de DGMV de SSCEM sont assujettis aux conclusions du TCCE.

[91] Ocean a pour position que les modules ne sont pas des produits manufacturés. Ocean explique que, pour accélérer la construction d’un projet, des éléments sont assemblés hors site et livrés au chantier du projet sous forme de pièces/composants/modules plus gros à raccorder. Les CUIA utilisés dans des modules hors site sont les mêmes que ceux utilisés si l’assemblage se fait sur place. Ocean soutient que l’assemblage hors site des CUIA avec d’autres éléments pour créer « un module » ne transforme pas les CUIA en d’autres produits. Les CUIA demeurent facilement reconnaissables en exerçant leur fonction de structure de soutien pour les éléments autres que des CUIA.

[92] Ocean mentionne qu’il a fourni des CUIA pour des modules au Canada atlantique, en Saskatchewan et en Alberta, et que les CUIA dans les modules de DGMV de SSCEM ne diffèrent pas des CUIA qu’il a utilisés dans des projets passés.

[93] Enfin, Ocean soutient que la définition des produits comprend clairement les CUIA, qu’ils soient assemblés ou partiellement assemblés en modules, ou non assemblés.

Institut canadien de la construction en acierNote de bas de page 27

[94] L’ICCA est une association représentant l’industrie de la construction en acier du Canada. L’ICCA est d’avis que les modules de DGMV de SSCEM sont assujettis aux conclusions du TCCE.

[95] L’ICCA mentionne que, d’après la description sur son site Web, SSCEM semble être un constructeur et installateur de systèmes mécaniques entre autres services commerciaux. Cela est conforme à la position de l’ICCA selon laquelle la modularisation est la construction intermédiaire d’installations de production et non un procédé de fabrication.

[96] L’ICCA est en désaccord avec l’argument de SSCEM que la définition des produits s’applique différemment aux CUIA dans des modules « de CUIA seulement » et à ceux dans des modules « complexes ». L’ICCA soutient que l’idée a été présentée par des parties adverses à l’audience du TCCE dans l’enquête no NQ-2016-004, et que la position n’a jamais été acceptée par lui ou les producteurs nationaux. L’ICCA soutient plutôt que la définition des produits comprend tous les modules, des modules « de CUIA seulement » aux modules « complexes ».

[97] L’ICCA explique que la modularisation peut comporter l’assemblage partiel de CUIA en modules avant l’expédition au chantier du projet pour la construction finale, ou l’installation ou la fixation de divers éléments autres que des CUIA dans la structure modulaire. L’ICCA soutient que la modularisation est la même, qu’elle se fasse au Canada ou dans un autre pays.

[98] L’ICCA est en désaccord avec l’affirmation de SSCEM que les modules constituent un « produit » manufacturé ou autonome. Il a pour position qu’un module ne représente qu’une petite partie d’installations construites sous forme d’une unité transportable. Chaque unité fonctionne de la manière conçue et prévue seulement lorsqu’elle est intégrée et réunie aux installations finales.

[99] L’ICCA soutient par ailleurs qu’il n’y a pas de marché primaire ou secondaire pour un module unique. Dans le marché primaire, des travaux additionnels sont requis, et tous les modules doivent être intégrés sur le chantier du projet pour avoir une valeur marchande quelconque. Dans le marché secondaire, chaque module serait désassemblé; les CUIA seraient vendus à la ferraille et l’équipement mécanique serait vendu séparément.

[100] L’ICCA remet en question l’allégation que SSCEM achète un produit lorsqu’elle acquiert des modules. Il soutient que cette affirmation ne cadre pas avec la façon dont la modularisation a réellement lieu pour des projets industriels. D’habitude, le propriétaire du projet ou l’entreprise d’ingénierie, d’approvisionnement et de construction (IAC) participe intimement à tous les aspects du projet, de la conception à l’installation en passant par l’approvisionnement et la modularisation. L’assemblage modulaire représente l’achat d’un service de construction et non d’un produit. Le propriétaire du projet ou l’entreprise d’IAC fournit gratuitement des matériaux, y compris des CUIA et des composants autres que des CUIA, au chantier modulaire; par conséquent, les marchandises lui appartiennent déjà.

[101] L’ICCA est en désaccord avec l’affirmation de SSCEM qu’un module constitue un produit autonome distinct des pièces qui le composent. Il soutient que différents codes et normes s’appliquent à différentes pièces d’un module et d’installations industrielles après la construction. Selon les exigences de la réglementation canadienne, les diverses pièces d’un module sont distinctes et séparées.

[102] L’ICCA soutient que l’affirmation qu’un module constitue un produit fini qui est manufacturé par le chantier modulaire ne cadre pas avec la façon dont les travaux sont garantis. En cas de problème lié aux CUIA, le propriétaire du projet ou l’entreprise d’IAC doit le régler avec le producteur des CUIA. En cas de problème lié à l’équipement, le propriétaire du projet ou l’entreprise d’IAC doit le régler avec le fabricant de l’équipement. Le propriétaire du projet ou l’entreprise d’IAC ne se rend pas au chantier modulaire pour corriger des défaillances dans les marchandises assemblées dans le module, sauf si elles relèvent de la performance de ce chantier.

[103] L’ICCA est en désaccord avec la description faite par SSCEM de la construction de modules comme le « traitement » de CUIA. L’ICCA soutient que la construction de modules n’est ni un traitement ni un procédé de fabrication. Il s’agit plutôt de boulonner et/ou de souder les CUIA ensemble et de fixer les marchandises autres que des CUIA à la structure de CUIA. La fixation de marchandises autres que des CUIA à la structure de CUIA n’est pas un traitement ou un procédé de fabrication ou ne transforme pas les CUIA en d’autres produits.

[104] L’ICCA mentionne que l’ASFC a conclu dans ses décisions définitives que les CUIA dans un module de boîtes froides ou un système de transport correspondaient à la définition des produits.

[105] L’ICCA reconnaît que les producteurs nationaux ont consenti à la demande d’exclusion de produit faite par les parties adverses pour exclure, des conclusions du TCCE, certains CUIA entrant dans la portée de la définition des produits. Cependant, l’ICCA indique qu’il a pour position que les CUIA dans tous les modules entrent dans la portée de la définition des produits, et que le TCCE a rejeté les demandes d’exclusion de produit parce que les demandeurs soutenaient que les CUIA faisant l’objet de la demande d’exclusion sortaient de la portée de la définition des produits.

Évaluation préliminaire de l’ASFC

[106] Pour rendre une décision sur la portée en vertu du paragraphe 66(1) de la LMSI, l’ASFC doit tenir compte de tout facteur prévu par règlement ainsi que de tout autre facteur jugé pertinent dans les circonstances selon le paragraphe 66(6). Les facteurs prévus à l’article 54.6 du RMSI sont énumérés à l’annexe.

[107] Ainsi, l’ASFC a tenu compte des facteurs ci-dessous dans son évaluation préliminaire :

  • Les caractéristiques physiques des marchandises;
  • Leurs usages;
  • Leurs spécifications techniques;
  • Leurs circuits de distribution;
  • Les caractéristiques de la modularisation;
  • Leur description dans les conclusions du TCCE;
  • Et les motifs des conclusions du TCCE.

[108] L’ASFC reconnaît que les modules de DGMV de SSCEM sont des modules complexes puisqu’ils renferment à la fois des CUIA qui forment la charpente structurale et des éléments autres que des CUIA, comme l’équipement, les tuyaux, les instruments et les contrôles, qui leur confèrent les propriétés fonctionnelles propres au DGMV.

[109] Les modules complexes sont produits par l’assemblage de CUIA dans un module simple de charpente d’acier structural auquel des éléments autres que des CUIA sont ensuite raccordés ou fixés. Sur le plan des caractéristiques physiques, les CUIA contenus dans un module simple et un module complexe sont fondamentalement les mêmes. Ils sont produits à partir des mêmes matières premières, selon les mêmes normes techniques ou normes équivalentes pour le CanadaNote de bas de page 28. Les CUIA dans un module complexe ne sont pas transformés lorsque des éléments autres que des CUIA y sont raccordés puisqu’ils conservent leurs caractéristiques essentielles, c’est-à-dire offrir la structure et le support pour les installations de traitement de CUIA.

[110] Les CUIA offrent la charpente d’acier structural et le support auxquels sont fixés les éléments autres que des CUIA. L’ASFC croit comprendre que, pour les modules simples, tous les éléments autres que des CUIA sont raccordés sur le chantier du projet, tandis que, pour les modules complexes, la plupart de ces éléments sont raccordés sur le chantier de fabrication. En ce qui a trait aux usages, les CUIA dans un module simple et ceux contenus dans un module complexe ont les mêmes usages dans un projet/des installations industriels, c’est-à-dire offrir la charpente d’acier structural. En d’autres mots, ils ont le même but qui consiste à offrir la charpente d’acier structural à laquelle les éléments autres que des CUIA sont raccordés. Ce fait est reconnu par SSCEM et toutes les autres parties.

[111] La description ci-dessous est donnée dans les Conclusions et motifs du TCCE :

« Les EAFI [CUIA] sont achetés dans le cadre d’un plus vaste effort d’obtenir et de construire un projet d’immobilisations. Ils peuvent également être achetés pour satisfaire aux besoins opérationnels courants (généralement en plus petites quantités). L’EAFI est un produit unique; il n’est pas vendu par l’intermédiaire de distributeurs ou de détaillants. L’acheteur d’EAFI peut être le propriétaire ou le développeur d’un projet. Le plus souvent, toutefois, les services d’une firme d’ingénierie seront retenus pour concevoir le produit, obtenir les marchandises et construire le produit. Ces firmes sont appelées des « IAC » (ingénierie, approvisionnement et construction).

Les EAFI sont généralement achetés en fonction du prix total, étant donné que l’acheteur achète un ensemble complet d’éléments ouvrés sur mesure, qui, ensemble, composent une structure sur mesure unique. Les EAFI sont expédiés non assemblés ou partiellement assemblés au chantier par l’usine qui les a fabriqués. Une fois qu’ils se trouvent sur le chantier, les éléments structurels sont disposés et assemblés par un monteur. Le monteur peut être une entreprise indépendante ou être lié à l’entreprise de fabrication. La livraison d’éléments individuels nécessite que l’entreprise de fabrication et le monteur se concertent. Les EAFI peuvent également être livrés à un chantier modulaire, où ils sont assemblés ou partiellement assemblés en modules puis expédiés au chantier de construction.

Les calendriers de livraison sur le chantier varient largement selon la taille et la complexité du projet. Commençant généralement 16 à 20 semaines après la date du contrat, la livraison peut s’étendre sur quelques mois, un an, deux ans, voire plus. Peu importe qu’il y ait ou non assemblage en modules, le fabricant produit les EAFI et les livre sur le chantier dans un ordre convenu d’avance pour que les travaux du monteur puissent avancer efficacementNote de bas de page 29. »

[112] D’après les Conclusions et motifs du TCCE, les CUIA, non assemblés ou en modules, sont obtenus et vendus dans les mêmes circuits de distribution et pourraient concerner une ou plusieurs parties, y compris des fabricants, des entreprises d’IAC, des chantiers modulaires et des monteurs.

[113] La modularisation des CUIA avec des éléments autres que des CUIA peut se faire au Canada ou dans d’autres pays. Le fait qu’une proportion des activités de modularisation soit accomplie au Canada ou dans un autre pays ne change pas les caractéristiques essentielles des CUIA. Par ailleurs, comme l’a mentionné Supreme, les modules de DGMV de SSCEM ne diffèrent pas, notamment sur le plan du degré de complexité, de ceux produits par des fabricants d’acier et des installations d’assemblage modulaire pour diverses installations au Canada, par exemple Nexen Long Lake, Cenovus Cristina Lake et Suncor Energy Firebag.

[114] Les modules de DGMV de SSCEM sont des modules complexes. Ils doivent être livrés au chantier du projet par le fabricant dans un ordre délibéré afin d’être raccordés/montés selon les devis d’ingénierie. Les projets de CUIA, qu’ils emploient une stratégie de modules « non assemblés », « simples » ou « complexes », font appel à une exécution planifiée et coordonnée sur une période donnée. Les diverses stratégies visent ultimement des installations de traitement industrielles de CUIA assemblés/raccordés.

[115] L’affirmation qu’un module constitue un produit fini autonome distinct des pièces qui le composent ne cadre pas avec la réalité des différents codes et normes s’appliquant à différentes pièces d’un module et d’installations industrielles après la construction. Selon les exigences de la réglementation canadienne, les diverses pièces d’un module sont distinctes et séparées.

[116] Certaines parties affirment que chaque module est essentiellement une unité autonome ou un bien commercial à part entière dont la performance a été pleinement mise à l’essai et qui s’apparente à une machine industrielle. Cependant, l’ASFC souligne que les modules de paire de puits, les modules de raccordement et les modules de mesure doivent toujours être raccordés sur le chantier du projet au moyen d’outils et de machinerie des métiers de la construction. Le module intégré de plateforme d’exploitation à DGMV sert ultimement d’installations de traitement industrielles de CUIA.

[117] Selon SSCEM, les modules de DGMV constituent une technologie communément utilisée dans l’extraction de bitume des sables bitumineux et sont conçus pour être facilement montés et élargis au moyen de modules supplémentaires qui sont essentiellement identiques d’un type à l’autre et ils peuvent être installés dans les installations existantes en relativement peu de temps, sans modification, et par un assemblage additionnel minime. Cependant, SSCEM ajoute que la conception et la fabrication complète des modules de DGMV dans des installations hors site assurent la normalisation et l’uniformité de la fonction des types de modules précis. Ainsi, les modules complexes sont adaptés au projet de CUIA particulier.

[118] Puisque les projets de CUIA sont sur mesure, un module produit pour un projet de CUIA donné ne peut pas être vendu séparément, même s’il a des fonctions autonomes. Tous les modules conçus pour un projet de CUIA précis doivent être réunis dans un module de plateforme d’exploitation à DGMV pour créer des installations de traitement industrielles de CUIA. Chaque module fonctionne de la manière conçue et prévue seulement lorsqu’il est intégré à l’ensemble des installations de traitement.

[119] L’affirmation que l’obtention de modules complexes s’apparente à l’achat de produits manufacturés ne cadre pas avec la façon dont la modularisation se fait réellement dans des projets industriels. D’habitude, le propriétaire du projet ou l’entreprise d’IAC participe intimement à tous les aspects du projet, de la conception à l’installation en passant par l’approvisionnement et la modularisation. Comme l’a indiqué SSCEM, le propriétaire du projet ou l’entreprise d’IAC, à qui les marchandises appartiennent déjà, fournit gratuitement des matériaux, y compris des CUIA et des composants autres que des CUIA, au chantier modulaire pour assemblage/construction. C’est pourquoi l’ASFC considère que l’assemblage modulaire représente l’achat d’un service de construction; le propriétaire du projet ou l’entreprise d’IAC n’acquiert pas un produit manufacturé.

[120] Par ailleurs, l’affirmation qu’un module constitue un produit fini qui est manufacturé par un chantier modulaire ne cadre pas avec la façon dont les travaux sont garantis. En cas de problème lié aux CUIA ou à l’équipement ou de défaut dans la construction de modules, le propriétaire du projet de CUIA ou l’entreprise d’IAC doit le régler séparément avec le producteur des CUIA, le fabricant de l’équipement ou le chantier modulaire. De même, il doit s’adresser au chantier modulaire en cas de défaut dans le module. L’ASFC considère donc que l’assemblage modulaire représente l’exécution, par un chantier modulaire, d’un service de construction.

[121] Tel qu’indiqué dans l’exposé de Fluor, la modularisation est la production d’installations de traitement sous forme d’unités transportables sur un chantier modulaire éloigné. Les modules finis sont transportés et raccordés à d’autres sur le chantier du projet.

[122] Compte tenu de ce qui précède, et tel qu’indiqué dans son Énoncé des motifs de la décision sur la portée dans FISC 2018 SP concernant Woodfibre LNG Limited, l’ASFC considère les modules, simples et complexes, comme une construction intermédiaire d’installations de traitement.

[123] SSCEM soutient que le consentement de la branche de production nationale aux exclusions aux constatations du TCCE pour un large éventail de modules complexes contenant des CUIA constitue un élément de preuve convaincant de son acceptation de l’interprétation de la portée des marchandises en cause telle qu’énoncée dans la demande de décision sur la portée. L’ASFC souligne que les producteurs nationaux ont consenti aux demandes d’exclusion de produit pour certains CUIA entrant dans la portée de la définition des produits. Elle ajoute que la LMSI autorise le TCCE à exclure seulement des marchandises qui sont en cause. L’ASFC a pour position que l’exclusion par le TCCE ne signifie pas que les CUIA contenus dans des modules complexes ne sont pas des marchandises en cause; elle signifie plutôt que certains CUIA contenus dans des modules complexes qui constituent des marchandises en cause se voient accorder une exclusion pour utilisation dans un projet particulier.

[124] Dans sa demande, SSCEM invoque le raisonnement énoncé dans l’appel en matière de subjectivité no SG-1, du 21 juillet 2017, dans lequel l’ASFC a soutenu que les caillebotis en acier usinés constituent des marchandises en cause même s’ils sont importés pour être utilisés dans des structures d’acier les accompagnant, puisqu’à l’importation, ils se trouvent dans leurs propres conteneurs et ne sont pas fixés ou joints, notamment par ouvraison, à une structure. SSCEM fait valoir que les CUIA intégrés aux modules de DGMV à l’importation sont transformés de façon permanente et « ont perdu leur identité » en tant que CUIA. Il ajoute que l’isolement de marchandises intégrées de façon permanente à des produits importés finis en vue de l’imposition de droits est sans précédent dans l’application de la LMSI.

[125] L’ASFC souligne que la décision selon laquelle les caillebotis entrent dans la portée des conclusions dans l’affaire Caillebotis en acier, partiellement parce que non fixés, n’étaye pas la thèse que tout produit assujetti à des conclusions du TCCE sort nécessairement de la portée de celles-ci parce que fixé à des marchandises non en cause à l’importation. Par ailleurs, rien n’empêche qu’un recours commercial s’applique à un bien intégré à un autre. Dans son évaluation de l’assujettissement des modules de plateforme d’exploitation, l’ASFC doit tenir compte des facteurs prévus à l’article 54.6 du RMSI ainsi que de tout autre facteur pertinent conformément au paragraphe 66(6) de la LMSI.

[126] Les parties appuyant le demandeur soutiennent que les CUIA dans des modules complexes représentent une petite partie de la valeur de ces modules, et ne les définissent ou ne les dominent nullement. Comme nous l’avons vu, la proportion d’éléments autres que des CUIA dans un module fait en sorte que celui-ci est considéré comme un module simple ou un module complexe.

[127] Tel qu’indiqué dans l’Énoncé des motifs de la décision sur la portée de l’ASFC dans FISC 2018 SP concernant Woodfibre LNG Limited, la définition des produits n’établit pas de distinction entre « modules simples » et « modules complexes ». Par ailleurs, elle ne se limite pas à des « modules simples ». De plus, dans cette procédure sur la portée, l’ASFC a décidé que les CUIA entrant dans les modules pour gaz naturel liquéfié (GNL), y compris les modules de râteliers à tubes, du demandeur étaient assujettis aux conclusions du TCCE.

[128] L’ASFC souligne que, dans la définition des marchandises en cause dans les conclusions du TCCE, il est expressément fait mention de « modules » :

« certains éléments de la charpente… en acier ouvré de construction ou en grosse tôlerie… soit assemblés ou partiellement assemblés en modules, ou non assemblés, devant servir dans… »

[129] D’après l’évaluation préliminaire de l’ASFC dans la présente procédure sur la portée, qui se fonde sur l’information au dossier administratif et tient compte des facteurs prévus à l’article 54.6 du RMSI ainsi que de tout autre facteur pertinent, les CUIA entrant dans les modules de paire de puits, les modules de raccordement et les modules de mesure de SSCEM sont assujettis aux conclusions du TCCE rendues le 25 mai 2017 dans l’enquête no NQ-2016-004, concernant le dumping de certains CUIA en provenance de la Chine, de la Corée du Sud (à l’exception de ceux exportés par Hanmaek Heavy Industries Co., Ltd.) et de l’Espagne (à l’exception de ceux exportés par Cintasa, S.A.) et le subventionnement de CUIA en provenance de la Chine.

Mesures à venir

[130] Les parties intéressées peuvent présenter des exposés et des contre-exposés sur la Déclaration des faits essentiels (DFE). Veuillez noter que l’ASFC n’acceptera pas de nouveaux renseignements factuels.

[131] Les parties intéressées peuvent présenter les exposés sur la DFE d’ici midi le 3 décembre 2018 et les contre-exposés d’ici midi le 10 décembre 2018.

[132] La procédure sur la portée devrait prendre fin d’ici le 4 janvier 2019.

Renseignements

[133] La présente DFE est publiée sur le site Web de l’ASFC à l’adresse ci-dessous. Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec les agents dont le nom figure ci-après :

Renseignements

Adresse :

Centre de dépôt et de communication des documents de la LMSI
Direction des programmes commerciaux et antidumping
Agence des services frontaliers du Canada
100, rue Metcalfe, 11e étage
Ottawa (Ontario)  K1A 0L8
Canada

Téléphone :
  • Ansa Mohammad : 613-960-6096
Courriel :

simaregistry-depotlmsi@cbsa-asfc.gc.ca

Site web :

www.cbsa-asfc.gc.ca/sima-lmsi/

Le directeur des Enquêtes en dumping et en subventionnement
Direction des programmes commerciaux et antidumping
Darryl Larson

Annexe – Facteurs prévus dans le RMSI

L’article 54.6 du RMSI prévoit ce qui suit :

54.6 Pour l’application du paragraphe 66(6) de la Loi, le président tient compte des facteurs ci-après pour rendre la décision sur la portée :

  1. dans tous les cas :
    1. les caractéristiques physiques des marchandises à l’égard desquelles la procédure sur la portée a été engagée, notamment leur composition,
    2. leurs spécifications techniques,
    3. leurs usages,
    4. leur emballage – y compris toutes autres marchandises contenues dans l’emballage – ainsi que le matériel promotionnel et la documentation liés aux marchandises à l’égard desquelles la procédure sur la portée a été engagée,
    5. leurs circuits de distribution;
  2. dans le cas d’une décision visant à déterminer la question de savoir si des marchandises à l’égard desquelles la procédure sur la portée a été engagée sont de même description que des marchandises auxquelles un décret du gouverneur en conseil ou une ordonnance ou des conclusions du Tribunal s’appliquent :
    1. la description des marchandises visée par le décret, l’ordonnance ou les conclusions,
    2. dans le cas d’une ordonnance ou de conclusions du Tribunal, les motifs,
    3. toute décision pertinente rendue par le Tribunal, la Cour d’appel fédérale, la Cour suprême du Canada ou un groupe spécial sous le régime des parties I.1 ou II de la Loi;
  3. dans le cas d’une décision visant à déterminer la question de savoir si des marchandises à l’égard desquelles la procédure sur la portée a été engagée sont de même description que des marchandises auxquelles un engagement s’applique :
    1. la description des marchandises visée dans la décision provisoire de dumping ou de subventionnement et dans l’engagement,
    2. les motifs de la décision provisoire;
  4. dans le cas où la décision visée aux alinéas b) ou c) vise à déterminer la question de savoir si des marchandises à l’égard desquelles la procédure sur la portée a été engagée sont originaires d’un pays visé par le décret, l’ordonnance, les conclusions ou l’engagement applicables ou sont originaires d’un pays tiers :
    1. les activités de production effectuées dans le pays tiers à l’égard de ces marchandises et dans le pays visé à l’égard des marchandises à partir desquelles elles sont produites,
    2. la nature de ces marchandises au moment où elles ont été exportées du pays tiers et des marchandises à partir desquelles elles sont produites au moment où elles ont été exportées du pays visé,
    3. les coûts de production des marchandises engagés dans le pays tiers.
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